LE THEATRE DE BREITOU
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 LA GRANDE BOUFFE.

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breitou

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MessageSujet: LA GRANDE BOUFFE.   LA GRANDE BOUFFE. EmptyMer 31 Mar - 17:07

La grande Bouffe.


Lors de notre séjour à Hammamet, pendant la période de Pâque, l'année dernière nous avons faits connaissance avec une famille en tout point merveilleuse.
Je connaissais le mari lorsque je travaillais au faubourg. Un garçon gentil, charmant, aimable, convenant. La famille compte deux garçons et une fille.

Cette rencontre fut une aubaine pour nous et pour eux car dés le premier jour, elle nous invitait à partager leur table du moins pour ce que je croyais être un soir mais il en fut autrement puisque toute la semaine nous fumes conviés à la partager. Sa femme, grande rieuse, était aux anges.
Mes histoires du magasin l’ont surprise. Du coup, nous sommes devenus inséparables.
De retour à Paris, notre relation s’étoffa et depuis sa femme ne jure que par ma femme.
Elles sont devenues inséparables.
Notre élégant ami est traiteur et sa femme, après son boulot, l’aide dans sa tache.
Car ce métier de nuit est exigeant et demande beaucoup de présence. Surtout que notre ami fait ce qu’on appelle des salons de dégustation et ca marche.
Sa femme débordée par ce travail harassant trouve en ma femme une aide précieuse.
Donc ma femme, de temps à autre sacrifie quelques heures le soir pour faire acte de présence aux cotés de son amie.

Or il se trouve qu’après les soirées, la nourriture qui n’est pas gâchée va dans les poubelles.

Ma femme surprise par ce gâchis se propose d’en distribuer à quelques familles dans le besoin.

Et même sans. Du coup, un soir, je l’entends monter les escaliers. Et faire des allers retours. A Minuit.

Ce n’est qu’au petit matin, alors que j’allais préparer mon petit déjeuner que je découvre des cageots de fruits de toutes sortes, dans le balcon, bien ordonnés sur mes deux congélateurs, le pot de fleurs ayant trouvé le chemin de la poubelle.

Sur le plan de travail de la cuisine, des dizaines de petites pizza dans des cartons, des tartelettes, des sushis, des petites brochettes de viande, de thon, de saumon, des ailes de poulets, des cuisses de canards, tout cela bien sur bien enveloppées dans du papier alu. etc…Bref, de quoi nourrir tout un contingent.

Hachakom smalla, j'ai cru que ma femme était allée à la chasse et à la cueillette des fruits.Nenni.

Mais là où je fus pris au dépourvu c’est que le frigo était bourré, si bourré que je ne trouvais plus ma bouteille de lait. Tous les étages de mon frigo étaient occupés et je me posais la question ‘…Mais qui va manger tout cela… ? D’autant plus que nous sommes que trois dans la famille et pas très grands mangeurs. Au lever de ma femme, je me risquais de lui dire ‘…Je veux bien manger le midi, le soir pendant deux jours mais après qu’est ce qui va se passer… ?’ Elle me regarde et me dit ‘…Après je jette… !’ J’ai horreur de jeter la nourriture.
Me voilà donc le midi, une grande soupière remplie d’ailes de poulets caramélisées.

Environ une cinquantaine que je triture tout en regardant la télé. Je ne mange pas tout bien sur, je laisse deux ou trois lambeaux au fond de la soupière afin que personne ne me prenne de l’œil.

Après cela, je passe aux fruits, une demi-mangue, trois fraises, deux tranches de melons, un morceau de pastèques etc…Avec sobriété, je kiffe.

Le soir, c’est au tour des petites brochettes de thon, mignonnes comme tout. Une dizaine accouplée avec une dizaine de brochettes de saumon. Un kif. De quoi dégueuler. Les fruits passent après.

Du vomissement je ne suis pas loin. Le midi suivant kif kif le kif et ainsi le soir. Trois jours à manger le même menu légèrement varié.
Enfin, le frigo et le balcon commencent à se désertifier et pour cause.
La semaine suivante, même scénario.

Il arrivait que durant la même semaine, le même régime se présentait.
La maison est devenue un véritable grenier. Des matins où je slalome entre les cageots.
Cela dura pendant six mois.

Un certain matin, j’ai osé chuchoter à l’oreille de ma femme avec délicatesse et diplomatie...

‘…Chérie, puisque tu nous apportes tant de victuailles, ne me serait-t-il pas possible de diminuer le budget mensuel de la rubrique nourriture, nous économiserons ainsi les frais de bouche… ?’
Son regard bien avisé me fait comprendre qu’il n’en était pas question. Chkeut.

Puis, mes idées lumineuses faisant leur chemin, j’ai pensé à faire un étale dans le parking afin de commercialiser cette bouffe. Histoire d’arrondir mes fins de mois chaotiques.

Au fil du temps, après tant de mois de ce forcing imposé, j’ai demandé à ma femme de restreindre ce marché parallèle parce que je n’en pouvais plus.

Depuis, lorsque je vois un poulet, l’envie me prend de dégueuler. Donc plus de cuisses de poulet chez moi. Plus de saumon et encore moins le thon et les barquettes. Dans les fêtes, je tourne les yeux à tous ces magrets et autres fruits qui hantent mes nuits.

J’ai retrouve enfin ma bonne vieille bsal ou loubia (ragout d’haricots) mes petit-pois, ma petite grillade, mon couscous et boulettes, mes spaghettis et tout ce qui fait mon plaisir culinaire.
Adieu sushis, adieu riz Oncle Sam, adieu cuisses caramélisées mta zebi, adieu saumon de mes couilles, adieu rab él mecla mta traiteur, et vive la cuisine tune de ma femme.

Car il n’y a pas mieux que de rentrer le soir et d’être surpris par un fumé de banattages, d’une bonne soupe de légumes aux fromages, d’un bon met de ‘brouklou’, d’une bonne mloukhiya faite maison, d’un bon ragout de pomme de terre avec un morceau de viande d’épaule, d’une bonne langue farcie, d’un bol de pois chiche fumant agrémenté de petits pains rassis d’il y un an avec un morceau de jarret, le tout relevé d’harissa ye zebi, d’une bonne chakchouka au merguez dans laquelle un bon œil d’œuf orne son centre que de bouffer toutes ces petites choses à la française enculées par un bâtonnet qui ressemble à un cure oreille.

Ouf.Hache meni yecel.